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"Les chômeurs ne sont en rien responsables du niveau d'endettement de l'assurance chômage"

Pascal Pavageau, le secrétaire général de Force Ouvrière, réagit à l'annonce du gouvernement, qui réclame plusieurs milliards d'économie sur l'assurance chômage. 

Article rédigé par franceinfo
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Pascal Pavageau, le secrétaire général de Force Ouvrière, réagit à l'annonce du gouvernement, qui réclame plusieurs milliards d'économie sur l'assurance chômage.  (ERIC PIERMONT / AFP)

"Les chômeurs ne sont en rien responsables du niveau d'endettement de l'assurance chômage", a affirmé vendredi 21 septembre sur franceinfo Pascal Pavageau, le secrétaire général de Force Ouvrière (FO), alors que le gouvernement a réclamé que la future négociation sur l'assurance chômage permette de réaliser de 3 à 3,9 milliards d'euros d'économies en trois ans. Les négociateurs des syndicats et du patronat ont été reçus au ministère du Travail pour prendre connaissance des grandes lignes de la lettre de cadrage.

franceinfo : Les objectifs fixés par le gouvernement sont-ils acceptables ?

Pascal PavageauLe parlement de FO sera réuni mercredi et jeudi prochains. On aura la feuille de route et on jugera sur la feuille de route. L'équation comptable est menée par le gouvernement avec des contraintes strictes qui nous sont opposées. Les chômeurs ne sont en rien responsables du niveau d'endettement de l'assurance chômage. Il est hors de question que ce soit les chômeurs qui doivent se mettre à rembourser la dette demain, dont d'ailleurs l'État est responsable d'une partie. Il y a un paradoxe, avec un chef de l'État qui nous demande d'élargir l'assiette du bénéfice de l'assurance chômage aux travailleurs indépendants ou à des travailleurs qui démissionneraient pour créer leur entreprise. Le gouvernement ne l'a pas financé. Si c'est demander aux demandeurs d'emploi d'avoir à la fois des indemnités qui soient baissées, des droits qui soient baissés, de devoir rembourser un endettement pour lequel ils ne sont pas responsables et de partager leur maigre indemnisation avec d'autres, parce que la mesure n'est pas financée, cela va commencer à faire beaucoup pour ceux qui sont victimes d'avoir perdu leur emploi.

Ce qui est sur la table aujourd'hui est-il négociable ?

Nous disons depuis le début que nous sommes libres de négocier sur ce que nous voulons. Que le gouvernement fixe une lettre de cadrage, je le regrette. J'avais demandé au Premier ministre que ce soit plutôt une lettre d'orientation, quelque chose qui soit très ouvert, très souple, qui nous permette d'entrer librement, calmement en négociation. Le gouvernement a réussi à faire une chose, c'est faire en sorte que, patronat et syndicats, disent tous que la lettre en l'état n'est pas acceptable car trop contraignante. Nous prendrons nos décisions en lisant la réalité écrite de la lettre de cadrage. Gouverner, c'est choisir. Si le niveau d'endettement de l'assurance chômage, 35 milliards, empêche le chef de l'État de dormir, il peut peut-être prendre 50 milliards de CICE pour les transférer et régler le problème de l'assurance chômage. Il faut arrêter de sous-entendre à chaque fois que, quand on est demandeur d'emploi, on ne veut pas traverser la rue pour prendre n'importe quel boulot de l'autre côté. Cela commence véritablement à bien faire. L'État a des moyens de pouvoir se retrouver avec un niveau d'endettement qui soit moindre.

La politique de la chaise vide, FO seule, est-ce envisageable ?

Vous croyez qu'on ne l'a pas vu le piège ? On demande depuis un an le retour à la table de négociations. Nous demandons à ce gouvernement de pouvoir travailler ensemble. Là, alors qu'on a une loi qui traite d'éléments de l'assurance chômage, le président de la République, de façon unilatérale, tout seul dans son coin, devant le Congrès, dit, je vais demander une négociation cadrée avec un pistolet sur la tempe aux interlocuteurs sociaux. Il y a trois possibilités. Soit la lettre de cadrage est suffisamment souple et dans ce cas-là, tout le monde y va. Soit la lettre de cadrage est complétement fermée, et dans ce cas-là je pense qu'on sera nombreux à dire que ce n'est pas possible. Il y a une troisième hypothèse. Nous sommes libres de négocier sur nos bases, sur ce que nous avons envie de prendre ou ne pas prendre et d'aller à une négociation pour améliorer réellement les droits des demandeurs d'emploi. J'espère que c'est une des solutions que nous envisageons tous ensemble, tant patronat que syndicats.

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